Vendredi, l’heureux perdant a eu une vraie opportunité qui s’est présentée face à Pedro Cachin, 27 ans mais novice à ce niveau du Grand Chelem. Le premier tour était aussi à sens unique avec un Français virevoltant et inspiré, étouffant et précis. Très vite, dans un de ses lobs bien frappés qui ont donné des sueurs froides à son adversaire tout au long du match, il a breaké. Il a raté sa chance de mener rapidement le point, mais ce n’était pas grave, il a terminé ce tour sans bouger avec un retentissant “Allez”.

Un échec indésirable avec la première balle

Et puis il n’a pas posté le simple script qu’il écrivait. Quelques tirs forcés, celui qui a si bien senti le ballon dans les 40 premières minutes, lui ont coûté son service (sur la première chance du match de Katsin) et un raté de balle précoce lui a complètement coûté. De quoi donner une tout autre dimension à ce duel. Sa raquette a volé avant qu’il ne lui donne un coup de pied. “Je ne sais pas quoi faire pour me sentir bien, je ne peux pas le faire”éclaté en direction de l’entraîneur Laurent Raimondo, flanqué de Sébastien Grosjean et Paul-Henri Mathieu. “On dirait qu’il y a un film sur moi, je suis super sexy c’est tout” Corentin Moutet à un caméraman Son exemplaire couvert de ratures n’avait plus grand air et Cassin réveilla les hordes de supporters argentins qui s’étaient invités dans les tribunes du terrain 17 pour faire monter la température. L’inconfort de Mute n’allait pas le quitter et ils s’en sont tous sortis avant la fin du match. L’arbitre qui n’a pas jugé la machine à juger les lignes : « Vous ne savez même pas si la balle est juste ou fausse. Mais que se passe-t-il si la machine ne va pas ? C’est vraiment agaçant. » Ou le caméraman qui a rapproché le Français d’un peu trop près pour changer de camp. “ On dirait qu’il y a un film sur moi, je suis super sexy, n’est-ce pas ? », lui demanda-t-il un peu agacé. Et bien sûr, il a tourné sa colère contre lui-même quand il a perdu deux fois le service au début du quatrième set. Verdict: “Je joue deux parties molles. » Mais heureusement pour Moutet, au milieu de cette gaieté et de ces monologues incessants auxquels il est habitué, il n’a pas donné que des jeux de ce calibre. Quitter le terrain entre le deuxième et le troisième set lui a fait le plus grand bien. Il est revenu enflammé, parsemant Cassin de coups brutaux et de coups délicatement joués. Il était également sur une superbe passe en revers qui a pris le contrôle du match. Avant qu’il ne perde brusquement son élan et ne se retrouve dos au mur au quatrième acte.

Ruud au prochain tour

A 0-4, il a une nouvelle fois su rebondir et prendre enfin le contrôle de cette rencontre qui lui échappait. Il était en retard dans le match, toujours énervé mais dictant le jeu jusqu’à ce qu’il voie un dernier ballon sortir de son adversaire argentin. Sur la 45e erreur de Cassin, le Français en a fait 43 (47 coups gagnants). Un symbole de cette rencontre irrégulière où Mute semblait toujours maître de son destin. Il devait maîtriser ses émotions et ses démons, il l’a fait. Et il s’est offert un beau défi. Casper Rood l’attend désormais en huitièmes de finale. Que l’histoire continue à faire l’histoire, et tant pis pour les fautes et les fautes.