Le géant russe Gazprom a annoncé vendredi soir 2 septembre que le gazoduc Nord Stream, qui devait reprendre ses activités samedi après maintenance, sera finalement arrêté “complètement” jusqu’à ce qu’une turbine sur le pipeline vital soit réparée pour alimenter Européens. Dans un communiqué, Gazprom indique avoir découvert des “fuites d’huile” dans la turbine lors de cette opération de maintenance dans une station de compression en Russie. “Jusqu’à la réparation (…), le transport de gaz naturel depuis Nord Stream est totalement suspendu”, a indiqué le groupe, sans préciser la durée de cette réparation. Cette reprise accentuera encore l’inquiétude des Européens, qui peinent à éviter une crise énergétique cet hiver et accusent Moscou d’utiliser le gaz naturel comme arme de représailles contre les sanctions occidentales suite à l’attaque russe contre l’Ukraine. Lire aussi Suspensions de livraisons, stocks, risques de pénurie : huit questions sur l’approvisionnement en gaz en France
Fonctions d’entretien
Le groupe Gazprom devait reprendre samedi les livraisons de gaz naturel depuis Nord Stream, qui relie la Russie au nord de l’Allemagne, après une nouvelle interruption de trois jours pour de tels travaux de maintenance. Gazprom a affirmé avoir découvert cette “fuite d’huile” lors d’une inspection technique menée avec des représentants du groupe allemand Siemens, qui a fabriqué la turbine. Le groupe russe attribue cette fuite d’huile à “des câbles reliés à des tachymètres à rotor”. Sur Telegram, l’équipe a posté une photo montrant des fils entourés d’un liquide marron. Ces problèmes techniques rendent impossible le « fonctionnement sûr du moteur à turbine à gaz », affirme Gazprom, citant un avertissement du service russe de surveillance de la politique industrielle. Plus tôt dans la journée, le Kremlin avait affirmé qu’une seule turbine fonctionnait sur place et que l’activité de Nord Stream était “menacée” par un manque de pièces détachées en raison des sanctions visant Moscou. Moscou prétend notamment que ces sanctions empêchent le retour d’une turbine Siemens qui avait été envoyée au Canada pour réparation. L’Allemagne, où se trouve la turbine, affirme que c’est la Russie qui empêche le retour de cette pièce maîtresse. Le fabricant de turbines Siemens Energy a déclaré vendredi que la fuite ne justifiait pas techniquement la fermeture du pipeline. “En tant que fabricant de turbines, nous pouvons confirmer qu’une telle constatation n’est pas une raison technique pour arrêter son fonctionnement”, a déclaré Siemens Energy dans un communiqué, notant que dans le passé l’apparition de “ce type de fuite n’entraînait pas l’interruption”. d’opérations.” . Lire aussi : Article destiné à nos abonnés Gazprom va couper le robinet de gaz naturel au fournisseur Engie à partir du jeudi 1er septembre
“On ne peut plus faire confiance à la Russie ou à Gazprom”
Depuis le début de l’intervention militaire du Kremlin en Ukraine fin février, la Russie a déjà interrompu l’approvisionnement en gaz, via d’autres gazoducs, de plusieurs pays de l’Union européenne, comme la Bulgarie et la Pologne. Et, en juillet, Gazprom avait déjà effectué dix jours de travaux de maintenance sur le gazoduc Nord Stream, qui a ensuite redémarré, mais avec une nouvelle baisse des livraisons.
Un responsable allemand avait qualifié la panne de cette semaine de “techniquement incompréhensible”, y voyant une manœuvre politique de la Russie. “Nous ne pouvons plus compter sur la Russie ou Gazprom” pour respecter leurs engagements de livraison de gaz, a réitéré cette semaine le ministre de l’Economie Robert Habeck.
Il semble désormais que les craintes d’une interruption complète des livraisons russes à l’approche de l’hiver se confirment. Pour compenser les quantités manquantes, les Européens tentent de trouver d’autres fournisseurs et de réduire leur consommation, sur fond de flambée des prix du gaz naturel sur les marchés et de spectre de récession.
Une coupure complète du gaz russe pourrait réduire d’une unité la croissance française, a déclaré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. En Allemagne, l’activité devrait se contracter au second semestre, plombée par les effets de la flambée des prix de l’énergie dans un secteur industriel dynamique. Dans la plus grande économie d’Europe, cependant, la menace de pénuries de gaz cet hiver semble s’éloigner. Le pays peine à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie, qui représentait encore 55% des importations de gaz naturel en février.
Les projets d’installation de plusieurs terminaux flottants pour l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) ont pris un essor important en Allemagne : les deux premières unités seront mises en service cet hiver. Une diversification qui “permettra de passer l’hiver sans perturbations majeures”, selon le ministère allemand de l’Economie.
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Le monde avec l’AFP