Les obsèques du dernier dirigeant de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), Mikhaïl Gorbatchev, ont lieu samedi 3 septembre à Moscou, sans le président Vladimir Poutine, signe de l’héritage controversé du père de la perestroïka en Russie. Figure politique majeure du XXe siècle, Mikhaïl Gorbatchev est mort mardi après-midi, à l’âge de 91 ans, des suites d’une “longue et grave maladie”, selon l’hôpital où il était soigné. Il est entré dans l’histoire en accélérant à contrecœur l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, alors qu’il tentait de la sauver par des réformes démocratiques et économiques, mettant ainsi fin à la guerre froide. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés Mort de Mikhaïl Gorbatchev : l’héritage ambivalent du dernier dirigeant soviétique
Responsable du désarmement de la Russie, selon Moscou
Salué en Occident comme un homme de paix, Mikhaïl Gorbatchev est considéré par beaucoup en Russie comme responsable du déclin géopolitique de Moscou et des années de crise politique, économique et morale qui ont suivi la chute de l’URSS. Signe de ce mécontentement, aucune journée de deuil national n’a été annoncée, même si “des éléments de funérailles nationales” seront présents lors de son inhumation, notamment une “garde d’honneur”, a indiqué le Kremlin. Par comparaison, Boris Eltsine, le premier président de la Fédération de Russie, au pouvoir pendant les années de transition douloureuse vers une économie de marché, et qui avait nommé Vladimir Poutine comme son successeur, a été honoré de sa mort en 2007. Par la suite, le Kremlin décréta une journée de deuil national et organisa des obsèques officielles, en présence de M.M. Poutine et Gorbatchev.
Vladimir Poutine était absent
Les funérailles du dernier dirigeant de l’Union soviétique ont commencé par une cérémonie d’adieu à 9 heures. à la Maison des syndicats, lieu symbolique de la capitale russe où étaient exposées les dépouilles de nombreux responsables communistes, comme celle de Joseph Staline en 1953. . À l’intérieur, un portrait de l’ancien chef était assis à côté du cercueil ouvert, à côté duquel était assise la fille de Gorbatchev, Irina. Deux gardes en uniforme étaient postés de chaque côté du cercueil, tandis que les visiteurs déposaient des fleurs avant de s’incliner respectueusement devant le corps. Quelques centaines de personnes étaient venues rendre hommage à M. Gorbatchev tôt dans la matinée, a constaté l’Agence France-Presse. L’ancien dirigeant soviétique sera ensuite enterré au cimetière de Novodievitchi aux côtés de sa femme, Raisa Gorbatcheva, décédée en 1999. La liste des personnes qui assisteront aux obsèques n’est pas connue, mais le Kremlin a déjà annoncé jeudi que le président Poutine serait absent, officiellement, en raison d’un “agenda” chargé. Au lendemain de sa mort, M. Poutine a rendu mercredi son premier hommage minimal, dans un message de condoléances. Sur un ton neutre, il a relevé que Mikhaïl Gorbatchev avait “une grande influence sur l’histoire du monde” et qu’il avait “cherché à proposer ses propres solutions aux problèmes”. La relation entre les deux hommes était complexe, oscillant entre signes d’appréciation et reproches mutuels avant de laisser place à une cordiale indifférence.
Viktor Orban à Moscou
A l’opposé, les capitales occidentales, de Washington à Berlin, en passant par Paris et Rome, célèbrent chaleureusement Gorbatchev, saluent son travail de rapprochement Est-Ouest et de réduction des arsenaux nucléaires, qui lui avait valu le prix Nobel de la paix en 1990. L’Allemagne, dont la réunification a été rendue possible par la chute du mur de Berlin et l’URSS, a annoncé que les drapeaux seront en berne dans la capitale allemande samedi. Mais au milieu des tensions accrues entre la Russie et l’Occident à propos du conflit en Ukraine, un seul dirigeant étranger a annoncé un voyage pour assister aux funérailles à Moscou : le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Son voyage intervient alors que la Hongrie a annoncé mercredi qu’elle renforçait ses échanges avec Gazprom et acceptait des livraisons supplémentaires de gaz naturel alors que ses partenaires européens sont confrontés à une forte baisse des approvisionnements. Depuis son retour au pouvoir en 2010, M. Orban a noué des liens avec la Russie, un partenariat qui a persisté malgré l’invasion russe de l’Ukraine. Cependant, Poutine n’avait pas prévu de rencontrer Orban lors de sa visite, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à l’agence de presse russe RIA Novosti, expliquant qu’”il n’y a eu aucune demande d’interview”. Le monde avec l’AFP