Posté à 5h00
Vincent Larouche La Presse
“Une oasis qui place l’humain au centre de ses actions.” Une « orientation communautaire » dans l’esprit de l’orientation communautaire. Un espace à la programmation “riche et variée” qui aura une “double signature numérique et musicale”. Dans un message envoyé à La Presse cette semaine, le service des relations de presse de la Ville ne tarit pas d’éloges sur le futur centre communautaire de Sanaaq, qui verra le jour au coin des avenues Atwater et René.-Lévesque Ouest. L’institution, dont le nom rappelle le titre du premier roman inuit écrit dans le Nord québécois, « est très attendue par les citoyens », a expliqué Hugo Bourgoin, porte-parole de la Ville. Mais le projet tarde à se concrétiser. La société de développement Devimco, qui construit depuis des années un complexe immobilier géant sur le site de l’ancien hôpital pour enfants, a remis en janvier dernier la “coquille” de son terrain, où doit être construit le centre. City s’en est emparé, mais était loin d’être prêt à l’utiliser. Il devait encore commencer à payer le loyer du promoteur de 125 000 $ par mois.
L’appel d’offres a été annulé
En mars, la Ville a finalement lancé un appel d’offres afin de trouver une entreprise pour réaliser les travaux d’aménagement du centre. Les prix soumis par tous les soumissionnaires dépassaient de loin ce que Montréal était prêt à payer. Au terme du processus, fin avril, le gagnant est Groupe Geyser qui propose de réaliser le développement pour 38 M$ (les autres soumissionnaires estimant leurs coûts à 38,7 M$ et 48 M$ respectivement). La Ville a finalement annulé l’appel d’offres cet été, « car le montant de l’offre de Groupe Geyser était bien supérieur au coût estimé », explique M. Bourgoin. “Un nouvel appel d’offres sera annoncé prochainement”, assure le représentant, sans pouvoir dire quand. Une fois l’appel d’offres lancé, les entrepreneurs devraient avoir le temps d’étudier les plans et devis, puis de soumettre leurs soumissions. Lorsque le contrat sera finalement attribué, la Ville estime qu’il faudra encore 18 mois pour ouvrir le centre. Pendant ce temps, la ville continue de payer un loyer à Devimco. Avec la facture du mois de septembre tout juste payée, les sommes versées pour cet espace inoccupé représentent déjà 1 063 363 $. Même si le contrat était attribué demain matin, il coûterait 2,2 millions de loyer supplémentaires sur 18 mois ou jusqu’à ce que le travail soit terminé.
Une enquête publique a été demandée
La Ville mise beaucoup sur le centre communautaire qui fera partie du grand projet immobilier construit sur le site de l’ancien hôpital du secteur Peter-McGill. Lors de la cession de l’établissement public à des bailleurs de fonds privés à des fins de développement immobilier, le projet présenté à la population comprenait une école, des logements sociaux et un centre communautaire public. L’idée d’inclure une école a échoué faute d’entente entre les organisateurs, le Département et la commission scolaire. L’inclusion du logement social a également été rejetée parce que le Conseil et les promoteurs n’étaient pas d’accord sur les coûts de construction. Seul le centre communautaire subsiste. « L’inclusion de logements sociaux sur le site, la construction d’une école et d’un centre communautaire étaient pour les citoyens de Peter-McGill les trois éléments qui rendent la haute densité proposée pour le site socialement acceptable », rappelait cette semaine l’Office de consultation”. publique de Montréal (OCPM), dans un rapport sur l’une des tours du projet qui reste à ériger. La Commission note que le nouveau complexe immobilier ne comprend qu’un seul des trois éléments demandés. Extrait du rapport de l’OCPM L’OCPM cite également les commentaires de plusieurs intervenants, qui ont souligné lors de la consultation que le loyer « coûtera trop cher à la Ville annuellement ». L’entente avec Devimco prévoit que la Ville paiera le loyer du centre pendant 40 ans. Le rapport note que “de nombreux participants” à la consultation demandent désormais une enquête publique sur l’affaire, “afin de faire la lumière sur les irrégularités dans le traitement de ce dossier”. PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE Serge Goulet, président de Devimco Jeudi, le président de Devimco, Serge Goulet, s’est également dit d’accord avec l’idée d’une enquête publique, lors d’une entrevue avec Le Devoir. “Si les gens veulent faire la lumière parce qu’ils pensent qu’il y a des zones grises, ça me fera plaisir”, a-t-il déclaré au quotidien.