Faible risque, grande incertitude
Et cette incertitude est grande, à plus d’une semaine de l’échéance : Une tempête tropicale, désormais nommée “Danielle”, s’est formée à un millier de kilomètres à l’ouest de l’archipel portugais des Açores. Soit à une latitude inhabituellement élevée, en raison de températures anormalement élevées dans l’océan Atlantique. Comme le rappelle le docteur en agroclimatologie Serge Zacca, « depuis 1950 un seul cyclone a réussi à se former » si au nord, c’est-à-dire « entre 38 et 42° nord ». Et de rappeler une évidence : “Les cyclones tropicaux prennent généralement naissance sous les tropiques, entre 5° et 30° nord.” Ce premier ouragan de la saison arrive aussi assez tard : pour la première fois en 25 ans, il n’y en a pas eu en août. Depuis, les pronostics se multiplient quant à sa trajectoire future – certains le voient terminer sa course au large des côtes espagnoles, voire en France, après avoir traversé le golfe de Gascogne. La météorologie espagnole, selon Météo-France, estime le risque « à moins de 10 % » : Selon Guillaume Séchet, météorologue et fondateur de Météo-Villes, « il y a en fait deux cyclones. La première, Danielle, se déplace lentement au nord des Açores et devrait se retrouver près de l’Irlande. Elle devrait prendre le relais de la seconde, en cours de formation et sans nom pour le moment, qui semble se diriger vers les Açores et pourrait toucher le nord-ouest de la péninsule ibérique.” Mais attention, prévient-il : « Nous n’en sommes pas encore là ! La trajectoire des cyclones est très difficile à prévoir avant plusieurs jours. C’est beaucoup d’énergie, un trafic chaotique… Dire aujourd’hui qu’un ex-cyclone va se diriger vers une certaine zone, c’est impossible”, insiste le météorologue.
“Une sorte d’hystérie”
Il n’est pas rare qu’un “ex-cyclone” se dirige vers les côtes françaises ou espagnoles”, se souvient Guillaume Séchet. C’est même le lot de la plupart d’entre eux, mais sous forme de « tempête », et donc sans les caractéristiques tropicales du phénomène : « C’est la saison des ouragans, dans l’Atlantique Nord. Il n’est pas rare que la France soit frappée par des queues de cyclones. Il précise toutefois que même si en raison du réchauffement climatique “ce sera plus fréquent et plus fort, l’observation d’un cyclone tropical dans notre pays, cela paraît peu probable : les températures des océans ne sont pas assez élevées pour cela”, précise-t-il. . Et de dénoncer « une sorte d’hystérie qui règne : certes, cet été fait peur, mais à partir de là jusqu’à ce qu’on prédise immédiatement la fin du monde… il ne faut pas exagérer ! Là ce qui se dessine en ce moment est normal. Dès lors dire qu’un cyclone va ravager la France, non ! »