Mis à jour hier à 18h43.
                Frederik-Xavier Duhamel La Presse             

« Je n’arrive pas à croire qu’avec toutes les lettres qui ont été envoyées, les moyens de pression qui ont été utilisés, on en soit encore là », proteste Maïtée Labrecque-Saganash, candidate de Québec solidaire dans l’Ungava. « À ce stade, c’est de la négligence. » La communauté inuit de Kuujjuarapik partage son centre de santé avec le village cri de Whapmagoostui. Ce dimanche, une seule infirmière à la fois sera postée du côté inuit, selon le plan d’urgence transmis vendredi et obtenu par La Presse. L’infirmière effectuera le triage par téléphone et pourra prendre les signes vitaux des patients si une visite d’urgence est nécessaire. “C’est vraiment une situation qui met tout le monde à risque”, a déclaré Cyril Gabreau, président de l’Association des infirmières et infirmiers du Nord de la Baie d’Hudson. “Moi, ça fait 10 ans que je suis dans le Nord, c’est la première fois [que je vois ça]. Nous tombons creux. » Aucune des infirmières qui diviseront le travail en deux quarts de travail de 12 heures n’a la formation sur le rôle élargi, ce qui leur permettrait de fournir plus de soins en l’absence d’un médecin. La prise en charge des patients incombera donc aux infirmières cries, qui ne seront que deux, selon le plan d’urgence. «Imaginez qu’il y ait eu un accident de VTT du côté cri […] puis il y a une autre urgence du côté inuit », explique M. Gabreau. À ce moment-là, il n’y aura plus personne pour s’occuper des patients à Kuujjuarapik et à Whapmagoostui, où vivent plus de 1 800 personnes. Ce plan n’est “pas parfait”, admet la manager Sharon Collins, qui signe le plan d’urgence. “Mais cela arrivera jusqu’à ce qu’une meilleure solution soit trouvée. La situation doit être réévaluée lundi. Le CLSC et la clinique du Centre de santé resteront fermés jusqu’au 19 septembre, date à laquelle des infirmières supplémentaires doivent arriver à Kuujjuarapik, a précisé M. Collins. Cela signifie que les soins de santé non urgents tels que la vaccination des enfants ou les tests de dépistage des ITSS ne peuvent être offerts à la population en raison d’un manque de personnel. Il s’agit d’un prolongement de la fermeture qui touchait déjà quatre communautés (Puvirnituq, Inukjuak, Kuujjuarapik, Akulivik) au début août, lorsque les autorités locales ont demandé l’intervention de l’armée. Québec avait alors rejeté cette demande et promis d’envoyer rapidement du personnel médical et de signer une entente avec la Croix-Rouge. Ces chiffres sont toujours en attente. «Nous devrons envoyer du personnel d’urgence tel que demandé par les centres de santé du Nord», affirme Mme Labrecque-Saganash, qui dit avoir elle-même souffert d’un manque de ressources en santé dans sa communauté. «Nous laissons toute une communauté sans service d’urgence. C’est inhumain », s’est plaint le candidat sur Twitter plus tôt samedi en défiant le ministre de la Santé Christian Dubé. “Qu’est-ce que tu vas faire avec ça?” a demandé. «C’est extrêmement inquiétant», a déploré Christine Moore, candidate du Parti québécois dans l’Ungava. Nous envoyons une aide qui ne suffit pas. Et quand de l’aide est envoyée, elle n’est pas toujours adaptée pour travailler dans une clinique dans des zones reculées. » « Du personnel médical a été dépêché en urgence sur place et une entente a été conclue avec la Croix-Rouge pour envoyer encore plus de ressources prochainement », a rappelé le bureau de M. Dubé. Le 25 août, son attaché de presse lui assure que « la situation est[était] stabilisée” et qu’”à court terme, aucune analyse du cœur de métier[était] attendu”. En collaboration avec Delphine Belzile