Publié à 11h05     Mis à jour à 14h03
                 Tommy Chouinard                             La Presse             

Ce n’est « absolument pas » une orgie de dépenses, a soutenu la cheffe libérale Dominique Anglade lors du dévoilement de son cadre financier dimanche, après une semaine de campagne. C’est selon elle « un cadre financier à la fois équitable et responsable », qui vise à répondre à la crise de l’inflation et de la pénurie de main-d’œuvre. Ses promesses totalisent 41 milliards en cinq ans (6,5 milliards par année, à terme, en 2026-2027). Les deux engagements les plus coûteux sont les baisses d’impôts (12 milliards en cinq ans) et l’Allocation aînés (10 milliards en cinq ans). Un gouvernement libéral irait chercher des revenus supplémentaires de 12 milliards d’ici 2026-2027. C’est ce qui fait dire aux libéraux que le coût net de leurs engagements s’élève à 29 milliards. Par exemple, Dominique Anglade augmenterait les impôts des riches, ceux qui gagnent au-delà de 300 000 $, en créant un nouveau palier d’imposition (1,4 milliard en cinq ans). Il créerait une nouvelle taxe sur les institutions financières, c’est-à-dire les banques et les compagnies d’assurance (1,7 milliard en cinq ans). « C’est un message d’équité qu’on envoie. […] La classe moyenne québécoise, elle fait plus que sa part et a besoin d’avoir davantage de soutien. Ceux qui ont plus de moyens peuvent également faire leur part », a affirmé Mme Anglade, accompagnée notamment de son candidat et ex-directeur à la Banque Scotia, Frédéric Beauchemin. Le PLQ fait également le pari qu’il récupérerait près de six milliards en cinq ans dans sa lutte contre les paradis fiscaux (3,4 milliards) et le travail au noir (2 milliards). Sous les libéraux, il y aurait une taxe sur les immeubles non occupés à Montréal (un milliard en cinq ans) et une autre sur les GAFAM, les géants du numérique (900 millions en cinq ans). Pour faire son cadre financier, le parti a gardé intactes les prévisions de croissance des revenus contenues dans le rapport préélectoral sur les finances publiques présenté le 15 août par le gouvernement Legault. Et pas question d’adopter des politiques d’austérité comme au début du mandat du gouvernement Couillard : Dominique Anglade n’amputerait pas la croissance des dépenses. Elle l’augmenterait encore davantage avec ses promesses. On ne prévoit aucun exercice de révision des dépenses de l’État. « On n’a aucunement l’intention d’aller couper dans les services, au contraire », a insisté la cheffe libérale, alors que se trouvait à ses côtés l’ancien ministre des Finances Carlos Leitão. Même s’il ne se représente pas, il a contribué à l’élaboration du cadre financier. Les déficits annuels s’élèveraient en moyenne à 5 milliards par année après les versements au Fonds des générations. Cce serait jusqu’à 6,7 milliards la cinquième année. « On parle d’un montant qui n’est pas exagéré non plus », a fait valoir Dominique Anglade. C’est environ trois fois plus élevé que les déficits inscrits dans le rapport préélectoral pour les prochaines années. Les libéraux tentent de relativiser le poids des déficits annuels en soulignant qu’ils représenteraient environ 1 % du PIB. Le Parti libéral maintiendrait comme prévu les versements annuels au Fonds des générations qui sert à réduire la dette, contrairement à la Coalition avenir Québec. Le retour à l’équilibre budgétaire serait repoussé dans sept ans, alors que le gouvernement Legault le prévoit dans cinq ans selon son dernier budget. Le cadre financier libéral, qui s’échelonne sur cinq ans, est muet au sujet des mesures qui seraient prises pour effacer le déficit. Sous les libéraux, la dette nette augmenterait de cinq milliards par rapport aux prévisions, pour atteindre 211 milliards en 2027, selon le cadre financier. Le poids de la dette par rapport au PIB continuerait toutefois de diminuer. On passerait de 38 % à 33,2 % en cinq ans. Un gouvernement libéral maintiendrait l’objectif d’atteindre un ratio de 32 %, la moyenne canadienne. Rappelons que les finances publiques du Québec ont replongé dans le rouge en raison de la COVID-19. L’équilibre budgétaire avait été retrouvé sous les libéraux de Philippe Couillard, qui avaient laissé de gros surplus en quittant le pouvoir. Le PLQ est la première formation politique à présenter son cadre financier. De passage à Laval, où il souhaite faire des gains le 3 octobre prochain, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) François Legault a affirmé que les libéraux s’étaient « disqualifiés » selon lui en présentant un cadre financier déficitaire. « Les libéraux, c’est rendu Québec solidaire. Je viens de voir leur cadre financier et je n’en croyais pas mes yeux. […] C’est totalement irresponsable. Ce n’est pas [le] Parti libéral qui était rigoureux des finances publiques », a dit M. Legault. « Ça veut dire qu’ils sont en train de pelleter à nos enfants les services d’aujourd’hui. Ça n’a pas de bon sens », a-t-il ajouté. Avec Hugo Pilon-Larose, La Presse